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Discours du premier président

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Historique de la Société Scientifique Flammarion

 

La fondation de la Société Scientifique Flammarion de Marseille. (Hyacinthe BRUGRUIÈRE, premier président).
 

 

Grâce à Monsieur Camille Flammarion, l’éminent astronome que tout le monde connaît, et dont les œuvres se trouvent dans toutes les bibliothèques, l’astronomie a fait d’immenses progrès dans le monde entier et particulièrement en France.

Le magnifique ouvrage L’ASTRONOMIE POPULAIRE, couronné par l’Académie et dû à ce savant, avait éveillé dans tous les esprits l’amour de cette science et la curiosité bien légitime de joindre la pratique à la théorie.

Une Société, la première qui ait été fondée en France, grâce au zèle et au dévouement de Monsieur E. Vimont, professeur au collège d’Argentan (Orne), fut créée dans cette ville ; elle prit le nom du savant propagateur de la science astronomique et de la philosophie rationnelle qui en découle.

La Société Scientifique Flammarion, d’Argentan, prit une rapide extension ; elle compta bientôt plus de 200 membres, venus de tous les points de la France et du monde, pour se grouper autour de ce drapeau universellement connu, le drapeau Flammarion.

Marseille fournit, une des premières, un certain nombre d’adhérents, parmi lesquels nous citerons : MM. H. Bruguière, Marius Codde, P. Filippi, R. Guérin, B. Lihou, V. Poignard, P. Vacca et G. Vian.

Dans le courant d’août 1883, Monsieur G. Vian eut l’heureuse idée de fonder à Marseille une société semblable, dont le but était de propager les sciences et surtout la science astronomique. Cette idée fut unanimement partagée par ce groupe d’admirateurs du culte d’Uranie, et l’on se mit à l’œuvre.

Grâce au bienveillant concours de notre ami Monsieur E. Vimont, directeur de la Société d’Argentan, nous nous mîmes en relations directes avec Monsieur Flammarion.

À son passage à Marseille le 23 février 1884, un punch intime lui fut offert au Grand Hôtel Noailles. Dans cette réunion, composée de fervents admirateurs de la plus belle des sciences, les bases sur la possibilité de notre création furent jetées.

Monsieur H. Bruguière ayant été délégué pour prendre en mains l’œuvre que nous poursuivions, prit la parole, et dans des termes chaleureux, démontra l’utilité d’une création indispensable dans une grande cité comme Marseille.

Monsieur Camille Flammarion, dans une chaude improvisation qui fit passer dans l’âme de chacun de nous les sentiments qui l’animaient, répondit en « remerciant les amis connus et inconnus qui avaient tenu à le recevoir à Marseille… », puis, pendant plus d’une heure, nous tint sous le charme de sa parole, en nous promettant son concours.

Dès cet instant, notre fondation fut décidée dans son principe.

Mais, pour consacrer et encourager nos efforts, pour éveiller dans l’esprit public l’amour de l’astronomie, il fallait qu’une parole vibrante, convaincue et autorisée se fît entendre publiquement, pour grouper autour de nous le noyau indispensable à notre existence.

Cette parole autorisée, Monsieur Camille Flammarion la possédait au plus haut degré, et le 21 mars suivant, une conférence publique fut donnée par le célèbre astronome, pour la première fois à Marseille, au Cercle Artistique, devant un public nombreux et choisi.

Nous ne parlerons pas de l’immense succès, succès bien légitime du reste, que Monsieur Flammarion obtint devant ce public d’élite, qui entendait et voyait, pour la première fois, se dérouler devant ses yeux toutes ces beautés célestes, que bien peu connaissaient alors.

Cette conférence et le sujet traité « Voyage dans les autres mondes », ont laissé un souvenir ineffaçable chez tous ceux qui ont entendu la parole sympathique du Maître.

De ce jour, notre Société fut moralement créée.

Nous n’entrerons pas ici dans les péripéties que nous avons traversées pour atteindre notre but. Le zèle, le dévouement, la patience, la volonté, l’énergie, toutes les qualités enfin qui distinguent ceux qui veulent atteindre un but utile et louable, furent mises en œuvre. Nous éprouvâmes parfois des désillusions, parfois des défaillances, il faut bien le dire, provenant des refus et des oppositions venus le plus souvent de la part de ceux sur qui nous étions en droit de pouvoir compter ; nous le pensions du moins.

Nous ne nous sommes pas rebutés ! Au contraire, nos efforts redoublaient en raison même des résistances, nous voulions créer, il fallait créer !

Nous créâmes, en effet, la Société Scientifique Flammarion de Marseille, le 15 mai 1884, dans notre local actuel, qui n’était pas ce qu’il est aujourd’hui, bien loin de là.

Vingt membres en furent le noyau !

Ces courageux champions du progrès, ces adeptes de la propagation de la plus belle des sciences, n’ont pas aujourd’hui à se plaindre de leurs efforts… Honneur à eux !

Rarement on a vu une Société prospérer si rapidement, et nous le proclamons bien haut, n’ayant aucune fausse honte pour cela, l’enfant est né viable, il vivra !

Nos Statuts, votés dans cette première assemblée, furent approuvés par un arrêté préfectoral en date du 15 juillet suivant.

De ce jour, nous étions un être vivant, ayant notre place au soleil, ayant droit de lever la tête et de dire : la Société Scientifique Flammarion existe ; venez tous à nous, riches et pauvres, savants et illettrés, les portes de l’immensité sidérale vous sont ouvertes.

Mais un terrible fléau, le choléra, semblait se joindre à ceux qui nous avaient refusé leur appui, pour arrêter notre effort et annihiler notre énergie ! Pendant quatre mois, tout l’été de 1884, le terrible fléau sévit sur notre ville ; cette période se passa dans mille péripéties très compréhensibles du reste, car nul en ces moments terribles ne pensait à entrer dans notre phalange, l’amour de la conservation personnelle dominait tout.

Pourtant, à cette époque, la Société comptait environ 70 membres, et malgré la peur et l’appréhension que tout le monde éprouvait pendant cette période néfaste, plusieurs d’entre nous, calmes et imperturbables au milieu du danger, se rendaient presque journellement à la Société et y faisaient des observations ! D’autres surveillaient les travaux d’aménagement et de transformation qui avaient été décidés et dont l’urgence se faisait chaque jour sentir davantage.

Le fléau cesse, et aussitôt les adhésions nous arrivent ; bientôt le chiffre de 100 est dépassé, et le Comité pense à donner des conférences.

Celles-ci furent d’abord faites pour les sociétaires ; mais grâce à l’ingénieuse idée du vice-président, Monsieur E. Dubois, nous les rendîmes publiques et gratuites ; par là nous entrâmes dans l’esprit même de nos Statuts. Ces conférences nous ont valu un certain nombre d’adhérents, et nous constatons aujourd’hui avec un légitime orgueil que nous sommes 200.

Notre Société compte dans son sein des savants dans toutes les branches scientifiques ; elle compte aussi des hommes qui s’adonnent journellement à la chose publique en y consacrant tout leur temps, et enfin cent autres, tous désireux d’apporter leur savoir à l’œuvre que nous poursuivons ensemble.

La bibliothèque compte plus de 100 volumes et autant de brochures et manuscrits provenant de dons individuels.

Nous espérons que la bienveillance de Monsieur le Ministre de l’Instruction publique pour tout ce qui société scientifique et bibliothèque populaire, nous viendra bientôt en aide par un don de livres, ce qui nous permettra de satisfaire aux nombreuses demandes de ceux qui désirent s’instruire chez eux.

L’année 1885 semblait se présenter sous de meilleurs auspices, et nous pensions déjà donner suite à notre pensée la plus chère, créer un observatoire populaire, lorsque le fléau de 1884 fit de nouveau son apparition dans notre ville. Voilà encore un nouveau temps d’arrêt qui nous a obligés à remettre cette création si importante, je dirai même si urgente pour notre Société.

Pourtant, le temps ne fut pas tout à fait perdu, car la création de notre observatoire ne tardera pas à se faire, grâce à la générosité du Conseil général du Département qui, sur notre demande, a bien voulu nous accorder une subvention annuelle de 300 francs dans sa séance du 4 septembre 1885.

Nous avons donc là une ressource assurée pour de longues années, qui nous permettra de donner plus de développement à notre Société à tous les points de vue.

À son dernier passage à Marseille, le 17 mars 1885, Monsieur Camille Flammarion, dans les discours prononcés par lui au banquet qui lui fut offert en cette circonstance, a dit cette phrase mémorable : « Messieurs, aujourd’hui vous êtes phalange, demain vous serez légion ! »

Ces paroles auront de l’écho, elles seront entendues par tous les nombreux lecteurs de ce Bulletin, et nous adressant à eux, nous les engageons vivement à nous faire des adhérents, afin de nous grouper le plus possible autour de ce drapeau de l’Indépendance scientifique et du Progrès que nous avons choisi, et donner ainsi raison à notre éminent Maître, Flammarion, qui nous a dit : « Demain, vous serez légion ! »

Discours de 1886

Hyacinthe BRUGUIÈRE, Président (1884-1898)

 

 

 



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